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Tricentenaire des Romanov : une intéressante utilisation

En fouillant dans un petit stock de timbres oblitérés 1918-1919, j'ai retrouvé un fragment comportant trois timbres, dont un Romanov.






Après la Révolution du 25 au 26 octobre 1917 du calendrier julien (6 au 7 novembre du calendrier grégorien, calendrier qui deviendra la norme le 14 février 1918), les stocks de timbres de l'empire étaient particulièrement importants. Pragmatiques, les bolchéviques ont donc utilisé les timbres existants, dont on retrouve l'usage jusqu'en mars 1923.
La politique n'est néanmoins jamais loin. Entre les besoins d'affranchissement du courrier et la propagande induite par la représentation de la dynastie abolie, les bolchéviques ont vite choisi. L'usage de la série du tricentenaire des Romanov a vite été l'objet de suspicions, et je peux me risquer à dire que mieux valait ne pas l'employer. Parmi les 17 timbres, il en est un qui était interdit, celui de Nicolas II, tsar déchu.

Ce fragment est donc particulièrement intéressant. Il est oblitéré Taganrog en date du 3 juillet 1919. La région est contrôlée par les forces blanches depuis la fin de 1918, et Taganrog est le centre militaire de la région depuis janvier 1919. On ne peut voir cet affranchissement que comme l'affirmation d'une loyauté au régime tsariste. Nicolas II a été exécuté dans la maison Ipatiev à Iekaterinbourg dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. A quelques jours près, cet affranchissement est une commémoration de cet assassinat. Le timbre est alors non seulement un outil de propagande, mais aussi de mémoire.


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