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mardi 14 avril 2020

La série d'Omsk


Si la Révolution de février 1917 voit la chute du régime des Tsars et la tentative de l'instauration d'une république, le pouvoir passe peu à peu aux mains des bolchéviks, initialement minoritaires, jusqu'à leur prise de pouvoir lors des journées d'octobre 1917. Le traité de Brest-Litovsk du 3 mars 1918 met fin à la guerre avec les Empires centraux, mais les tensions intérieures s'accentuent. La démobilisation des soldats concerne tout particulièrement la Légion tchécoslovaque, prisonnière de son engagement au côté des armées russes contre le pouvoir des Habsbourg. Celle-ci, forte de 60000 hommes, bien armés et bien entraînés, se retrouve dans l'obligation d'évacuer par l'est un pays devenu hostile. Les bolchéviks leur accordent un sauf-conduit pour pouvoir passer via le Transsibérien par Vladivostok. Le 25 mai 1918, une échauffourée à Tchéliabinsk leur fait prendre les armes contre les bolchéviks. Ils prennent rapidement le contrôle d'une grande partie du Transsibérien et donc de la Sibérie. 
Koltchak, amiral reconnu pour son courage lors de la guerre russo-japonaise ainsi pour son commandement de la flotte de la mer noire jusqu'en 1917, arrive à Omsk en octobre 1918 et prend alors rapidement le pouvoir par un coup d'état au détriment des socialistes révolutionnaires qui dirigeaient jusqu'alors la Sibérie.

Omsk est avant tout un carrefour stratégique.


Cette situation sur le transsibérien, entre Russie d'Europe et Russie d'Asie, fait d'Omsk la capitale du gouvernement de la Russie blanche, dirigée par l'amiral Kolchak à compter de novembre 1918 et jusqu'au mois de novembre 1919, date du début de la retraite glacée de Sibérie, qui verra les dernières troupes de Kolchak se réfugier à Chita en mars 1920. Arrêté par les Tchécoslovaques qui tenaient le transsibérien à Irkoutsk, trahi par le général français Janin, livré aux bolchéviques, Kolchak sera exécuté le 7 février 1920 et jeté dans la rivière Angara.

Omsk est aussi connu pour sa série de timbres de la guerre civile. Afin de pallier le manque de valeurs élevées, en raison de l'inflation, il est décidé de surcharger des timbres d'empire de 1909-1917 et du gouvernement provisoire de 1917, dont les stocks sont encore importants.

Les valeurs en kopecks sont de 35k, 50k et 70k et apparaissent à l'été 1919 (Ivo Steijn, Rossica 111, 1988)


Les usages postaux de 1919 sont vraiment peu courants : voici un exemple avec oblitération de Vladivostock (vente Cherrystone 2009)
Un autre avec oblitération d'Omsk de 1919 (vente Raritan)

Les usages ultérieurs, sous gouvernement bolchévique, sont à peine plus aisés à trouver : voici un exemple de 1921 avec oblitération de Tomsk


 
Les valeurs en roubles sont de 1r, 3r et 5r et sont postérieures à cette période. On ne trouve pas d'usage du 1r non dentelé. Il n'a probablement pas été émis.




L'usage de ces valeurs se retrouve plus fréquemment dans les mandats ; les timbres sont utilisés par les bolchéviques comme timbres trophées.
En voici un exemple : mandat d'Irkoutsk pour Kazan de 5000 roubles taxé à 100 roubles (10*7k réévalués 70 roubles + 10*3r armée Kolchak)


Ces séries ont donné lieu à une multitude de variétés et de faux, qu'il est intéressant d'analyser séparément mais aussi dans une optique globale.




mercredi 8 avril 2020

Omsk, ville carrefour et carrefour de l'histoire postale

Alors que je rangeais enfin mes timbres de l'année 2017... je suis en retard je sais... je suis tombé sur ce joli timbre de la ville d'Omsk



Il s'agit de la cathédrale militaire de la résurrection. Elle porte bien son nom. Construite en 1773, elle fut abandonnée en 1921 et détruite en 1958.




Reconstruite en 2016, elle témoigne de la volonté russe de renouer avec un passé parfois troublé et difficile, mais riche et glorieux.


Porte de la Sibérie ou de l'Europe, selon le point de vue adopté, elle constitue le carrefour où s'est jouée l'histoire en 1919, l'histoire de la Russie certes, mais aussi l'histoire de l'Europe et du monde.


vendredi 12 octobre 2018

RSFSR : la surcharge locale de Serafimo-Diveyevo


Nous sommes ici en avril 1922. L'inflation est galopante et les tarifs postaux ont suivi cette hausse. Le rouble 1922 vaut 10000 fois le rouble Romanov. Pour pallier le manque de timbres à valeur élevée, la ville de Diveyevo utilise son stock de timbres de 100 roubles de la RSFSR pour les surcharger à 100000 roubles.



Le catalogue Michel mentionne deux encres différentes utilisées pour cette surcharge, une rouge-violette dont vous avez un exemplaire ci-dessus, et une violette dont voici un exemplaire proposé à la vente Raritan de septembre 2015 : 
La surcharge est apposée à l'aide d'une plaque de cuivre préparée localement. Une des caractéristiques de cette surcharge est qu'elle déborde bien souvent du cadre du timbre, et se retrouve donc bien souvent en partie sur le timbre suivant. On peut montrer en exemple majeur ce timbre-ci, que j'ai repéré dans une vente sur offres :

Mais Diviyevo, kesako? est-ce seulement une ville? Et cela se trouve où?

Il s'agit en réalité plutôt d'un gros bourg, dans l'oblast de Nijni Novgorod comptant actuellement aux environs de 6000 habitants.





Cette petite ville a une renommée certaine, lieu de pèlerinage et de foi, qui possède trois magnifiques églises placées les unes à côté des autres, dont celle de la Sainte-Trinité (Saint-Séraphin).

Ce qui est surprenant, c'est que cette bourgade rurale ait eu besoin d'une émission locale, faute de timbres pour l'affranchissement. Au temps des Soviets, ce n'est sûrement pas le tourisme religieux qui a vidé les bureaux de poste! Quelques cinquante feuilles ont été émises, et seuls quelques timbres ont été mis en circulation, les autres étant rapidement retirés de la vente.
Non loin de là, à 175km, la ville de Nijni-Novgorod a émis elle-aussi, à la même période, un timbre surchargé 100000 roubles (le 250r de 1921). On peut aussi s'interroger sur cette simultanéité. Les deux villes sont situées non loin de Moscou, environ 450km. L'approvisionnement en timbres a-t-il été irrégulier? Les émissions locales de 1920 sont régulièrement associées à la présence de troupes sur le territoire ; est-ce le cas ici?
Je cherche des réponses ; mes lecteurs sauront-ils me les apporter?







mardi 18 septembre 2018

La guerre civile en Russie : le kouban et l'émission "Edinaya Rossiya"

Le Kouban est une région du sud de la Russie, octroyée par Catherine II à ses Cosaques le 30 juin 1792 en récompense de leurs services lors des guerres contre les armées ottomanes notamment. Ces troupes, issues de la région, veillaient sur les frontières sud de la Russie des Tsars, et avaient organisé la région autour d'une ville forteresse, Ekaterinodar, fondée en 1793, littéralement "le don de Catherine" (en 1930, la ville fut rebaptisée Krasnodar par Staline soit "le don rouge").



Dès la révolution de février 1917, les cosaques s'organisent en rada et, en janvier 1918, est proclamée la République autonome du Kouban. En mars 1918, la ville d'Ekaterinodar est évacuée sous la pression des armées bolchéviques. Elle est reprise en août 1918 par l'armée des volontaires de Denikine et restera sous les contrôle des blancs jusqu'en mars 1920.

Les relations entre les cosaques, soucieux de leur autonomie, et les forces blanches, sont complexes. Si leur engagement aux côtés des armées tsaristes est quasi incontestable, ils veillent jalousement à leur autonomie et les tensions sont parfois vives avec le commandement militaire de la région.

Ces tensions se retrouvent dans la philatélie. Pourquoi l'émission traditionnellement associée à Denikine "Edinaya Rossiya" ne se retrouve-t-telle pas avec les oblitérations du Kouban mais avec celles des villes l'entourant?
Voici quelques unes de ces villes et quelques uns de ces timbres (en rouge sur la carte) :
1- Rostov sur le Don :
 15/10/1919
27/09/1919
2-  Stavropol :
 31/07/1919
11/08/1919
3- Essentuki :

4-  Novorossiysk :
 17/08/1919
26/08/1919
5- Taganrog :
 02/09/1919
10/18
6- Kislovodsk :
 05/08/1919

7- Touapse :
20/07/1919

La réponse se trouve dans l'impression même de ce timbre : "Russie Unie". Les relations avec l'Ukraine sont en effet étroites et les tentations nationalistes des états du sud de la Russie se font ressentir. On ne trouve ainsi dans le Kouban pour l'essentiel que les timbres de cette émission, même si l'autorité de Denikine n'est pas remise en cause. Voici quelques unes de ces villes et quelques uns de ces timbres (en bleu sur la carte) :

1. Anapa :
 07/1919
01/02/1920
2. Dukovskaya
26/10/1919
3. Nekrasovskaya :
26/08/1919
4. Ekaterinodar :
 09/03/1919
 22/11/1919
 28/06/1919
 29/03/1919
12/1919
5. Kopanskaya
20/08/1919
Lors de la prise de la région par les armées rouges, les timbres des émissions du Kouban et de Dénikine ont été employés par les bolchéviques pour affranchir leur courrier. On parle alors de timbres trophées, où l'expression 'Edinaya Rossiya" est affirmée par les bolchéviques, comme un pied de nez aux forces blanches. La collecte de ces timbres est passionnante à plus d'un titre ; comprendre le système postal mis en place et l'évolution de la ligne de front par exemple...

dimanche 6 mai 2018

La guerre civile en Russie : les surcharges locales de Viatka

Le titre que j'utilise ici est un peu trompeur. Nous sommes en 1922,  et la guerre civile, malgré quelques soubresauts dans l'extrême-orient russe, n'est plus d'actualité.

La République Socialiste Fédérative des Soviets de Russie peine toutefois à se remettre du changement de régime politique, d'un conflit intérieur et extérieur, tous deux longs et coûteux en vies et en ressources, et d'une famine qui a décimé une partie de la population. L'armée rouge pèse sur les territoires qu'elle occupe, et l'inflation est galopante.

Viatka est le chef-lieu d'une province du même nom, qui tire son origine d'une rivière qui l'irrigue et se jette dans la Volga. Sa position est stratégique, située sur la ligne du Transsibérien, à 956 kilomètres de Moscou. C'est à Viatka, sous la pression de l'armée Koltchak qui avance et vient de prendre Perm, située à peine à 400 kilomètres,  que le 24 décembre 1919  Staline et Dzerjinski, chef de la Tcheka, mettent en place dès la 6 janvier 1920 la stratégie visant à repousser les armées blanches. La ville de Viatka conservera jusqu'à la fin de la guerre civile une forte présence rouge, ce qui semble avoir joué un rôle sur le fonctionnement postal.


En raison de la forte inflation, en 1922, la valeur faciale des timbres est très vite caduque. La distribution des timbres est un irrégulière et, afin de pallier le manque de timbres, la décision est prise par le Commissariat aux Postes et aux Télégraphes d'utiliser les stocks restants des timbres de l'empire et de multiplier leur valeur  par 1000000 pour les timbres en kopecks et 10000 pour les timbres en roubles.

Les autorités locales surchargent donc les les timbres de l'empire, non pas d'une nouvelle valeur comme fréquemment, mais de l'annotation en violet " ВЫДАНО " qui signifie " émis ", et, chose peu fréquente, sur le verso, donc sur la gomme du timbre.

Les catalogues recensent 9 valeurs ; en voici 8 :

- le 2k vert dentelé :


- le 3k rouge dentelé :


- le 5k lilas non dentelé : 

 Ce timbre existe dentelé.
- le 10k bleu :



- le 1r non dentelé :

on peut remarquer que la surcharge peut prendre différentes positions :

- le 1r dentelé :


- le 5r dentelé :


- le 7r dentelé :

La difficulté de repérer ces timbres oblitérés est due justement à cette surcharge au verso du timbre.

En 1929, le gouvernement de Viatka est assimilé à l'oblast de Nijni Novgorod. En 1934, Viatka est débaptisée et prend le nom d'un dirigeant communiste assassiné, Kirov.