Accéder au contenu principal

une collection de timbres russes : pourquoi? Pour faire quoi? et quoi faire?

En cette saison de début d'automne, de chute des feuilles mortes, fleurissent les catalogues de timbres des maisons de vente sur offre, avec de nombreuses et extraordinaires propositions de timbres de Russie (ou URSS). Mais qui est en réalité intéressé par ce qui est proposé?

Depuis quelques années maintenant que je m'intéresse à la philatélie russe, j'ai beaucoup appris de mes expériences, de l'évolution de mes centres d'intérêt mais aussi du comportement des autres et de leurs centres d'intérêt dans les timbres russes.

Qui aujourd'hui collectionne encore, et, nous concernant, qui collectionne encore des timbres russes? Dans notre société de l'instantané et du zapping, il est difficile de valoriser dans le temps la patience, la persévérance et la durée. Force est de constater qu'une majorité des collectionneurs est âgée, et qu'il est difficile de faire venir au timbre une jeunesse qui n'envoie et ne lit plus ni lettres ni cartes postales... En dehors de la Russie, tenir une collection spécialisée comme celle des timbres russes est d'autant plus complexe que l'accès à la langue est rude et que la recherche de timbres récents s'avère parfois complexe. Néanmoins, de toutes les philatélies, celle de Russie est sans doute celle qui se porte la mieux, avec une réelle dynamique qui se ressent donc dans les propositions qui sont faites par les marchands reconnus, ainsi que par les enchères que je peux constater sur internet. La diaspora russe liée à l'histoire mouvementée de ce pays, et que reflètent bien les timbres, de même que l'utopie communiste toujours fascinante et vivace amènent de nombreuses personnes parfois novices à s'y intéresser. 

Les timbres russes sont beaux : la période empire est remarquable tant par la qualité du dessin que par la richesse des couleurs. Les timbres soviétiques portent toute la complexité de la société post-révolutionnaire et forment un témoignage à la fois politique et historique. Ces motifs à eux-seuls suffisent également à expliquer l'intérêt que l'on peut trouver dans cette philatélie. 

On peut ainsi trouver un véritable plaisir à se constituer une collection chronologique, à compléter patiemment, année après année, les différentes cases vides que recensent toujours les catalogues. Si c'est là l'objectif du collectionneur, cette démarche ne se discute pas, et elle est partagée par beaucoup. Mais voyons plus loin. Collectionner, c'est voir au loin. On envisage toujours la possibilité de revendre sa collection, mais l'on s'illusionne souvent sur la valeur réelle de ses timbres. Quand je reprends mes catalogues de maisons de vente sur offre, je ne vois aucun timbre "classique", ou presque... On va certes trouver les traditionnels numéros 1, 2 et 3 à la grosse côte, ou encore les Zag 42 et 43, mais c'est à peu près tout... Seuls les timbres remarquables, par leur état et par leur valeur, sont présentés En réalité, à moins que de vendre l'intégralité de sa collection sur ebay, avec les aléas que cela représente (perte de courriers, acheteurs peu fiables, enchères impossibles à prévoir, souvent décevantes, rarement surprenantes, frais importants et surtout la nécessité de disposer de beaucoup de temps!... et je parle en connaissance de cause), une collection n'a guère de valeur. Les timbres postérieurs à 1960 ne valent rien, et antérieurs à 1960 sont souvent bradés pour des sommes ridicules rapporté à la valeur théorique des catalogues. C'est ainsi que, pour en avoir discuté avec le Président du Cercle Philatélique France-Russie, un marchand a proposé pour une succession complète la somme de 400 euros...

Il me semble cependant qu'il y a des alternatives à ce sombre tableau financier et à une routine d'une collection chronologique. Trouver et acheter un numéro 1 de Russie ne relève plus aujourd'hui de l'exploit. Ce timbre est certes bien côté, mais il est courant, pour ne pas dire fréquent. On peut envisager, plutôt que de contempler un timbre certes beau mais unique, une collection de ces numéros 1 avec étude des oblitérations toujours passionnantes et qui nous font entrer réellement dans la philatélie, c'est-à-dire le parcours du timbre et son rapport à la vie des hommes et à l'histoire. Pour illustrer ce propos, je note que la maison Roulet propose une belle collection de ces n°1 pour sa 548ème vente sur offre. Un tel choix de se spécialiser apporte une vraie plus-value personnelle mais aussi financière. Voici quelque exemples recensés dans cette vente sur offre :











La présence de tels timbres dans une collection impressionne et conserve une véritable valeur. Certes! mais, me rétorquera-t-on, ces timbres coûtent cher et ne prennent pas vraiment de valeur au cours du temps. Oui, ils sont rares et sont donc chers, mas que vaut-il mieux? 300 timbres à un euro ou un timbre à 300 euros? C'est une vraie question à laquelle chacun peut répondre de façon personnelle ; mais quoi qu'il en soit, le timbre ne peut être un investissement. Préférez plutôt alors les actions ou l'assurance vie!

Pour ma part, j'ai pris le parti de me spécialiser dans la RSFSR et dans la guerre civile, sujet suffisamment large pour y passer plusieurs vies! Ce choix m'a beaucoup apporté, en connaissances et en rencontres. Il y a là matière à trouver d'incroyables variétés à  des prix très démocratiques ; double impression, variétés de couleur, de papier, de surcharge (déplacée, double, triple), des faux passionnants à étudier... le champ des possibles est vaste! et que dire de la guerre civile, à des prix encore accessibles car méconnue et crainte en raison des contrefaçons! une époque rare où les timbres oblitérés ont bien souvent une valeur philatélique et financière bien plus importante que les neufs...



Bref, collectionner aujourd'hui les timbres russes, je pense que c'est faire des choix, en fonction de ses centres d'intérêt, de ses moyens, du temps dont on dispose. Le mieux est d'en parler, de demander conseil et l'isolement est bien souvent ce qui amène à faire les mauvais choix.




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le 7 Roubles de 1884 : un timbre sujet à controverses

Evoquer les timbres classiques, c'est se plonger dans une Russie très différente de ma période de prédilection. C'est néanmoins une époque passionnante, avec une Russie en pleine transformation économique et sociale. En 1874, la Russie rejoint l'Union Postale Universelle et adopte des tarifs postaux en cohérence avec cette adhésion (de 10 à 8 kopecks en juin 1875, puis de 8 à 7 kopecks en mars 1879 pour une lettre).  Au niveau politique, Alexandre II est assassiné en mars 1881, et Alexandre III, son fils, prend le pouvoir. En décembre 1883 est émise une nouvelle série de timbres, tous en kopecks, sur papier avec filigrane et vergé horizontalement,  le 1 kopeck le 2 kopecks le 3 kopecks  le 5 kopecks le 7 kopecks le 14 kopecks le 35 kopecks le 70 kopecks puis en janvier 1884, cette émission est complétée pour la première fois par de fortes valeurs en roubles, le 3.5 roubles et le 7 roubles, sur papier avec fi...

Premier vol postal Moscou - Téhéran : vol au dessus d'un nid de coucou

J'ai récemment remis en ordre l'année 1924 de ma collection et je me suis intéressé à une enveloppe de poste aérienne qui m'avait interpellé il y a quelques années. Etonnante enveloppe en effet. Dactylographiée "Premier vol postal Moscou - Téhéran" à l'attention de Monsieur Jaroljmek. Les courriers avec affranchissement de la poste aérienne sont très courus, et ma première réaction à la vue de cette enveloppe a été de pressentir une tricherie quelconque. Tout dans cette enveloppe est suspect : l'absence d'adresse pour le destinataire, un affranchissement à 35 kopecks, alors qu'on attendrait plutôt 40 kopecks me semble-t-il? (tarifs du 1 septembre 1924). Les dates de départ et d'arrivée sont d'ailleurs surprenantes : 30 / 10 / 24 au départ et 14 / 12 / 24 à l'arrivée, soit 46 jours pour faire environ 3000km... alors 46-24=1104 heures... soit un peu moins de 3km par heure! j'irais plus vite à pied! Trêve de pla...

la guerre civile en Russie : les timbres surchargés de Vladivostok (4ème partie : les timbres dentelés de dix à cinquante kopecks)

Je vous propose de poursuivre cette analyse qui, décidément, me prendra beaucoup de temps! Venons-en à des timbres en kopecks de valeur plus élevée non surchargés d'une nouvelle valeur. Commençons par ce qui représente pour moi le noeud du problème, c'est-à-dire le timbre qui me semble être le plus rare de la série, le 10 kopecks bleu foncé. Je ne possède pas ce timbre, et en quelques années de recherche, je n'en ai pour le moment pas vu d'authentique, contrairement au 1 rouble dentelé. Cette rareté est due à deux faits : d'une part le nombre modeste de surcharges apposées (600) et d'autre part le fait que 10k correspondait à un affranchissement courant, contrairement au 1R. Les timbres ont été très vite épuisés et de nouvelles surcharges ont été nécessaires notamment le 7k sur 15k (près de 400000 exemplaires), le 1k et le 2k sur timbres d'épargne, le 3k sur 35k, le 4k sur 70k et enfin le 10k sur 3.5 roubles (près de 100000 exemplaires). Inutile de dire...