Alors que je rédigeais l'article précédent sur les surcharges locales de Petrovsk, je me suis souvenu du vieux fantasme qui m'avait animé quand j'étais plus jeune - c'était il y a quelques années - sur une émission de timbres rares, celle qui aurait eu lieu à Bakou lors de la brève occupation de la ville par les anglais. Qui ne rêverait pas de posséder une série que personne ne possède? Mais peut-être n'existe-t-elle tout simplement pas?
En décembre 1917, Grande-Bretagne et France s'étaient partagé leurs zones d'influence ; le sud de la Russie, et particulièrement le Caucase, avait échu aux Britanniques, qui y avaient vu des intérêts géostratégiques et économiques, notamment pétroliers. L'avancée turque liée à l'effondrement du front russe met alors en péril cette prétention.
De mai à septembre 1918, dans une alliance plus que surprenante, Britanniques, Arméniens, Russes bolchéviks et Cosaques anti-bolchéviks font front commun contre les Ottomans qui avancent en Azerbaidjan vers Bakou. Dans cette bataille, les Turcs finissent par l'emporter. En octobre 1918, les turcs, battus sur les autres fronts, doivent cependant se replier et les troupes anglaises occupent la ville jusqu'en août 1919.
Dans un vieux catalogue Yvert&Tellier de 1930, on trouve la présence d'une émission locale, en mai 1917, avec surcharge "occupation azerbaïdjan", qui disparaît ensuite puisque dans mon catalogue de 1973, je n'en trouve plus trace.On peut remarquer dans cette surcharge une curieuse orthographe d'Azerbaïdjan, qu'un très vieil mais intéressant article de Kusovkine extrait du "philatéliste soviétique" explique comme une orthographe latine. La cotation qu'en fait Yvert&Tellier est importante pour l'époque, et Kusovkine remarque immédiatement que les faux ont immédiatement fleuri notamment en provenance de Constantinople, lieu bien connu à l'époque pour ses faussaires... Cela me fait penser qu'il faudra qu'on parle un jour des surcharges de l'armée Wrangel...
J'ai retrouvé dans mes archives huit de ces dix-sept timbres référencés. Suis-je donc en possession d'un trésor? Hélas non. Comme le fait remarquer Kusovkine, jamais Bakou n'a connu de pareille émission -comment d'ailleurs pourrait-il en être autrement? Les Britanniques n'avaient-ils donc rien d'autre à faire alors que les Ottomans avançaient vers la ville?
Il est amusant de noter que ces timbres possèdent tous différentes
marques au dos, marques de propriétaires qui ont voulu par ces signes de
possession s'approprier un peu de papier et beaucoup de rêve
Voici plus en détail deux de ces timbres surchargés :
S'agit-il de faux originaux et d'imitations de faux? Le débat fait sourire. Si l'on regarde la piètre qualité de la surcharge, la réponse s'impose d'elle-même. Mais quelle importance?
Ces timbres, même retirés des catalogues de cotation, font toujours rêver le collectionneur, comme en témoignent les lots vendus sur le net. Alors à quel prix acheter un peu de rêve? je vous laisse seuls juges...
La guerre civile en Russie a ainsi connu de nombreuses émissions de timbres surchargés, que l'on peut qualifier de "fantastiques" ou de "fantaisistes" qui ont répondu à une forte demande des collectionneurs. Le manque de contrôle des autorités - leur absence même parfois, l'abondance des stocks de l'empire et des marchands peu scrupuleux, tel fut le cocktail qui aboutit à ce type de surcharge dont les victimes furent avant tout les philatélistes. Aujourd'hui, on peut néanmoins considérer qu'elles font partie de l'histoire de la philatélie.
Voici plus en détail deux de ces timbres surchargés :
S'agit-il de faux originaux et d'imitations de faux? Le débat fait sourire. Si l'on regarde la piètre qualité de la surcharge, la réponse s'impose d'elle-même. Mais quelle importance?
Ces timbres, même retirés des catalogues de cotation, font toujours rêver le collectionneur, comme en témoignent les lots vendus sur le net. Alors à quel prix acheter un peu de rêve? je vous laisse seuls juges...
La guerre civile en Russie a ainsi connu de nombreuses émissions de timbres surchargés, que l'on peut qualifier de "fantastiques" ou de "fantaisistes" qui ont répondu à une forte demande des collectionneurs. Le manque de contrôle des autorités - leur absence même parfois, l'abondance des stocks de l'empire et des marchands peu scrupuleux, tel fut le cocktail qui aboutit à ce type de surcharge dont les victimes furent avant tout les philatélistes. Aujourd'hui, on peut néanmoins considérer qu'elles font partie de l'histoire de la philatélie.