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samedi 27 janvier 2018

La guerre civile en Russie : une surcharge locale de Derbent, Daghestan

Occupé à l'étude des surcharges locales du Sud de la Russie et à la collecte et l'analyse des timbres de Batoum, je profite des billets précédents sur Petrovsk et Bakou pour glisser un petit mot sur une surcharge que j'ai trouvée il y a quelque temps lors d'une vente sur offres, chez Cherrystone si je me souviens bien.
Derbent est une ville située au sud du Daghestan, à mi-chemin entre Petrovsk (Makhatchkala) et Bakou. C'est une ville clef de la région, verrou entre la plaine du nord, Petrovsk et son chemin de fer, la mer Caspienne et les montagnes de sud. Si le Daghestan, en Perse, signifie "le royaume des montagnes", Derbent veut dire, quant à elle, "la clef de la porte" ou "la porte fermée" selon les interprétations. Cette ville magnifique est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, notamment pour sa forteresse.
vue de la citadelle de Derbent

Portes Caspiennes

Musée des Portes

Revenons-en à la philatélie... mais n'est-elle pas aussi l'occasion de nous enrichir de l'histoire, d'aller à la rencontre d'autres peuples et d'autres géographies?
Le Daghestan est donc durant la première guerre mondiale une zone de conflits active, d'autant qu'à cette guerre s'ajoutent les dissensions religieuses voire tribales locales. La guerre civile russe n'arrange rien à l'affaire et comme nous l'avons vu dans le billet précédent, la politique régionale s'accommode d'arrangements qui feraient parfois pâlir le Kremlin.
Derbent est sous occupation des forces rouges à compter de février-mars 1920. Les autorités locales font alors surcharger les timbres tsaristes, dont je rappelle que les stocks étaient importants (dans son article, Kusovkine nous informe qu'ils ont été vendus en grand nombre à des négociants européens en notamment des français). La surcharge "Komitet" est ici violette et désigne sans doute le soviet officieux et le commissariat mis en place.
Le 20 janvier 1921, le Daghestan devient officiellement la République Socialiste Soviétique Autonome du Daghestan. Les timbres soviétiques s'imposeront alors. Il est amusant de noter que l'oblitération de cette bande de trois timbres est bien de Derbent et date du 18 janvier 1920. Une émission rare donc puisque très brève dans le temps.
Derbent a à nouveau été mise à l'honneur par la Russie, avec l'émission de ce timbre :
Cent ans après, cette ville revêt toujours de grands enjeux pour la Russie...


samedi 13 janvier 2018

La guerre civile en Russie : les surcharges fantastiques d'Azerbaïdjan

Alors que je rédigeais l'article précédent sur les surcharges locales de Petrovsk, je me suis souvenu du vieux fantasme qui m'avait animé quand j'étais plus jeune - c'était il y a quelques années - sur une émission de timbres rares, celle qui aurait eu lieu à Bakou lors de la brève occupation de la ville par les anglais. Qui ne rêverait pas de posséder une série que personne ne possède? Mais peut-être n'existe-t-elle tout simplement pas?
En décembre 1917, Grande-Bretagne et France s'étaient partagé leurs zones d'influence ; le sud de la Russie, et particulièrement le Caucase, avait échu aux Britanniques, qui y avaient vu des intérêts géostratégiques et économiques, notamment pétroliers. L'avancée turque liée à l'effondrement du front russe met alors en péril cette prétention.
De mai à septembre 1918, dans une alliance plus que surprenante, Britanniques, Arméniens, Russes bolchéviks et Cosaques anti-bolchéviks font front commun contre les Ottomans qui avancent en Azerbaidjan vers Bakou. Dans cette bataille, les Turcs finissent par l'emporter. En octobre 1918, les turcs, battus sur les autres fronts, doivent cependant se replier et les troupes anglaises occupent la ville jusqu'en août 1919.
Dans un vieux catalogue Yvert&Tellier de 1930, on trouve la présence d'une émission locale, en mai 1917, avec surcharge "occupation azerbaïdjan", qui disparaît ensuite puisque dans mon catalogue de 1973, je n'en trouve plus trace.On peut remarquer dans cette surcharge une curieuse orthographe d'Azerbaïdjan, qu'un très vieil mais intéressant article de Kusovkine extrait du "philatéliste soviétique" explique comme une orthographe latine. La cotation qu'en fait Yvert&Tellier est importante pour l'époque, et Kusovkine remarque immédiatement que les faux ont immédiatement fleuri notamment en provenance de Constantinople, lieu bien connu à l'époque pour ses faussaires... Cela me fait penser qu'il faudra qu'on parle un jour des surcharges de l'armée Wrangel...

J'ai retrouvé dans mes archives huit de ces dix-sept timbres référencés. Suis-je donc en possession d'un trésor? Hélas non. Comme le fait remarquer Kusovkine, jamais Bakou n'a connu de pareille émission -comment d'ailleurs pourrait-il en être autrement? Les Britanniques n'avaient-ils donc rien d'autre à faire alors que les Ottomans avançaient vers la ville?

Il est amusant de noter que ces timbres possèdent tous différentes marques au dos, marques de propriétaires qui ont voulu par ces signes de possession s'approprier un peu de papier et beaucoup de rêve
Voici plus en détail deux de ces timbres surchargés :

S'agit-il de faux originaux et d'imitations de faux? Le débat fait sourire. Si l'on regarde la piètre qualité de la surcharge, la réponse s'impose d'elle-même. Mais quelle importance?
Ces timbres, même retirés des catalogues de cotation, font toujours rêver le collectionneur, comme en témoignent les lots vendus sur le net. Alors à quel prix acheter un peu de rêve? je vous laisse seuls juges...
La guerre civile en Russie a ainsi connu de nombreuses émissions de timbres surchargés, que l'on peut qualifier de "fantastiques" ou de "fantaisistes" qui ont répondu à une forte demande des collectionneurs. Le manque de contrôle des autorités - leur absence même parfois, l'abondance des stocks de l'empire et des marchands peu scrupuleux, tel fut le cocktail qui aboutit à ce type de surcharge dont les victimes furent avant tout les philatélistes. Aujourd'hui, on peut néanmoins considérer qu'elles font partie de l'histoire de la philatélie.

mardi 2 janvier 2018

La guerre civile en Russie : les surcharges locales de Petrovsk





Fondée en 1844, la ville est tout d'abord nommée Petrovskoïe, puis  Petrovsk en hommage à Pierre le Grand. Située dans l'actuel Daghestan, elle prend de nom de Makhatchkala en 1921 et devient la capitale de la République Socialiste Soviétique du Daghestan. Elle est le symbole des ambitions et de l'avancée russe dans le Caucase, comme le montre la carte ci-dessous.

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Elle constitue une des villes clés dans cette zone instable, à majorité musulmane (à l'exception notable des arméniens) sous gouvernance russe récente. Dès novembre 1914, la région se transforme en zone de guerre avec l'offensive russe contre les turcs. Un général russe s'illustre, qui marquera ensuite la guerre civile : Ioudenitch. Au cours du conflit, les différents peuples (arméniens, géorgiens, azéris, ...) se retrouvent partie prenante et sont impliqués d'une part ou d'autre, acteurs ou victimes. Durant l'année 1917, après la Révolution russe, l'armée se disloque ; fin 1917, elle n'existe plus. Elle est remplacée sur le front par des troupes arméniennes et géorgiennes qui subissent les attaques turques destinées à reprendre le contrôle des territoires perdus en 1914-1915 mais aussi lors de la guerre russo-turque de 1877-1878. Cette alliance entre arméniens, azéris et géorgiens forme l'éphémère Transcaucasie. En mai 1918, elle disparaît elle aussi, en raison de la déclaration d'indépendance de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan et de la Géorgie sous l'influence notable de l'Allemagne qui tente de faire de cette zone sa sphère d'influence, au détriment des anglais bien implantés de Batoum à Bakou. Les intérêts économiques et surtout pétroliers déterminent déjà les politiques extérieures des puissances occidentales.
Le 11 mai 1918, le Caucase du Nord se déclare ainsi indépendant et s'allie dès juin 18 avec les turcs. Cette république montagnarde est combattue d'emblée par les forces blanches du général Denikine qui emporte au Daghestan les villes comme Petrovsk ou Derbent, mais peine dans les montagnes où la résistance est forte. En février 1920, les troupes bolchéviques de la 5ème armée forcent Denikine à quitter la région.Staline, géorgien d'origine, négocie avec les nationalismes locaux : le Daghestan devient une république socialiste soviétique et une large autonomie est accordée à la nouvelle république soviétique des montagnes comprenant les autres régions (Ossétie, Ingouchie, Tchétchénie, ...).
La circulation du courrier et son affranchissement ont pâti de cette période mouvementée, d'autant que la région n'est pas épargnée par l'inflation galopante qui ronge la République Socialiste Fédérative des Soviets de Russie (RSFSR). 
Le 10 mars 1920, les timbres des séries courantes de 1909 à 1917 de 1 à 20 kopecks prennent une valeur en roubles.(valeur *100). La pénurie de timbres contraint donc la poste soviétique à l'emploi des stocks de timbres empire existants ; la gratuité du courrier avait cessé d'être et toute lettre d'un poids supérieur à 15 grammes coûtait 5 roubles plus 5 roubles pour un recommandé. Les postes locales avaient donc reçu pour consigne de réévaluer cent fois leur stock existant dans la limite des 20kopecks - 20 roubles. La poste de Petrovsk, disposant d'un stock conséquent de 35k, ne respecta pas les consignes du Commissariat aux Postes et au Télégraphe, les réévalua ainsi  que les 20k en leur apposant une surcharge en roubles en violet ou en noir. (Il faut noter que Ceresa qui est une des références en la matière, évoque dans son monumental ouvrage, partie C2 P381 la possibilité que ces timbres surchargés soient en fait des timbres trophées pris à Denikine)
Les timbres surchargés sont les suivants : 
- le 20k avec surcharge violette (expertise Ceresa)
Ce bel exemplaire oblitéré du 18 janvier 1921 est caractéristique de l'usage postal de ces surcharges ; les mandats postaux en sont un autre
Yvert et Tellier font également référence à une surcharge noire, que je ne possède pas.

- le 35k avec surcharge violette, expertise Dr. Paul Jemtschoujin

- le 35k avec surcharge noire, expertise Waldemar Pohl

Il est à noter, selon Ceresa, que ces timbres neufs ont été mis en circulation sur le marché philatélique par la Soviet Philatelic Association. Nous y reviendrons, notamment lorsqu'il s'agira de parler de l'armée Koltchak. Des contrefaçons existent sans nul doute.


L'inflation continue à être galopante et ,après la suppression de la gratuité pour les envois de moins de 15g, après une réévaluation mettant en service en roubles les timbres empire supérieurs à 20 kopecks,  le 15 avril 1922, les timbres en kopecks et en roubles sont réévalués 10000 roubles pour 1 rouble. Petrovsk produit alors une surcharge locale en violet avec cors de poste 50/T soit 50000 roubles pour un timbre empire de 5 roubles. Ce timbre, rare (il est coté 1300 euros par Y&T) a été bien sûr copié.
Voici l'original en rare bloc de 4 : 

L'exemplaire ci-dessous s'est vendu ce 30 décembre 2018 sur ebay 307 dollars. Quelqu'un le voulait plus que moi!
1922-Russia-PETROVSK-CV-350-handstamped-in-black-RARE-used

Le catalogue Petrov recense possiblement une surcharge inversée, inconnue chez Yvert :

 Le timbre contrefait de ma collection :
La comparaison entre les deux surcharges appelle ce commentaire : de la qualité de l'encre, de sa couleur même, de la forme des chiffres, des lettres ou de l'espacement du T, tout diffère. Reste à être attentif!



lundi 25 décembre 2017

Joyeux Noël et meilleurs voeux 2018

Je vous souhaite un joyeux Noël et vous présente mes voeux philatéliques les meilleurs pour 2018.
Cette enveloppe Premier Jour accompagne le fameux livret souvenir de la Nouvelle année russe 2015-2016 qui s'est vendu 900 dollars lors de la vente de mai 2017 chez Raritan.



samedi 23 décembre 2017

Filateliya Detiam : de l'inventivité des faussaires à la passivité des plateformes de vente en ligne

Cette courte réflexion viendra compléter la modeste étude que j'ai déjà faite sur cette émission, si prisée et donc si copiée. Le faux numérique est parfois redoutable, et ne peut être discerné qu'à l'analyse microscopique. Néanmoins certains détails ne peuvent tromper un oeil avisé. Delcampe regorge ainsi de contrefaçons, et je trouve toujours regrettable que des plateformes de vente prétendument sérieuses laissent faire.
J'ai récemment vu des choses surprenantes sur Delcampe :
 https://www.delcampe.net/fr/collections/timbres/russie-urss-1917-1923-republique-republique-sovietique/neufs/philately-for-children-1922-cart-rrr-495472202.html
Analysons dans le détail cette extraordinaire opportunité philatélique :

Il s'agit ici d'une imitation d'une enveloppe du premier jour, avec affranchissement en 1k, 2k et 10k et oblitération du premier jour. Rarissime!...
Cette enveloppe devrait donc comporter des timbres de la première émission.Or ces timbres ont des caractéristiques que les faussaires semblent ignorer. D'une part, l'encre utilisée ce jour-là était gris-clair, d'autre part, la plaque d'impression employée faisait que toutes les surcharges étaient différentes. Nous avons dans cette contrefaçon une encre noire et des surcharges toutes identiques, ce qui est rigoureusement impossible.




 vrai


 faux
L'oblitération elle-même est bien évidemment fausse, avec des caractéristiques aisément discernables pour peu qu'on aie l'oblitération originale sous les yeux. Notez par exemple la forme des chiffres. L'encre de l'oblitération elle-même n'est pas conforme, trop épaisse et trop grise.
Quant à  l'enveloppe premier jour, je ne me prononce pas, mais il est fort à parier qu'une analyse fine montrerait un faux numérique...
J'ai bien sûr avisé le site de la présence de ce faux parmi d'autres. J'ai prouvé mes dires, mais je n'ai bien évidemment pas reçu de réponse à mon signalement, et les timbres n'ont pas été retirés de la vente... Chacun semble y trouver son compte, sauf le philatéliste qui se retrouve berné. C'est une vision à court terme de la part de Delcampe, puisque les amateurs floués ne reviendront plus sur le site, et se détourneront même de la philatélie.

dimanche 5 novembre 2017

la guerre civile en Russie : les timbres surchargés de Vladivostok (5ème partie : les timbres en roubles)

Dans cette petite étude des surcharges de Vladivostok, les surcharges en roubles tiennent une place à part.  Cet article fait suite aux quatre précédents consacrés aux timbres en kopecks :
partie 1 : https://philarusse.blogspot.fr/2017/02/la-guerre-civile-en-russie-les-timbres.html
partie 2 : https://philarusse.blogspot.fr/2017/02/la-guerre-civile-en-russie-les-timbres_23.html
partie 3 : https://philarusse.blogspot.fr/2017/07/la-guerre-civile-en-russie-les-timbres.html
partie 4 : https://philarusse.blogspot.fr/2017/08/la-guerre-civile-en-russie-les-timbres.html

Comme vous le savez déjà, la majorité des timbres disponibles en roubles à Vladivostok a été surchargée en kopecks pour pallier le manque de certaines valeurs, et cela en très grande quantité.
Les timbres en roubles (1R), quant à eux, ont connu une grosse disparité entre les timbres non dentelés issu de l'émission de mars 1917 et les timbres dentelés, moins courants en raison notamment des difficultés avec le matériel de perforation, liées aux difficultés d'approvisionnement et d'entretien.
Si les timbres non dentelés furent émis à 3000 exemplaires, ce qui est correspond à un tirage restreint, les timbres dentelés ont été, quant à eux, émis à seulement 150 exemplaires! Inutile de dire que cette rareté a amené les faussaires à investir dans ces valeurs aux cotations élevées...

Je vous propose ici d'étudier ces rares valeurs et de trouver des points d'appui pour discerner le vrai du faux.
Afin de mettre en valeur les caractéristiques de la surcharge des timbres en roubles, je vais m'appuyer sur les timbres les moins rares, c'est-à-dire sur l'émission de 1917 en roubles non dentelés.
Le timbre original MNH (avec pli) :

Le timbre oblitéré Vladivostok du 22 04 1921 expertisé à de nombreuses reprises :

Au niveau pratique, la première difficulté à laquelle on se retrouve confronté se situe dans la polychromie du timbre support, et notamment dans les teintes sombres, propices aux confusions avec une surcharge noire.
Dans le détail, voyons quelles sont les caractéristiques de la surcharge. Tout d'abord, je vais juxtaposer trois surcharges authentiques afin de visualiser les différences d'impression :


Ces variétés sont dues aux différences de quantité d'encre, mais aussi aux différences de matrice d'impression. Concernant cette dernière, elles sont systématiques, mais il est impossible de les lister ici à moins d'avoir une planche complète de cette émission, ce qui n'est pas mon cas.
Les constantes sont plus faciles à repérer :
 Le contraste permet ici de repérer la qualité de trait, que l'on voit moins bien en couleur.
Dans cette version couleur d'un scan différent :
1. boucle ouverte (et cela systématiquement, même si un excès d'encre peut parfois donner l'impression du contraire.
2 et 3. Par rapport à une ligne horizontale qui serait le point d'équilibre entre le haut et le bas de la surcharge, on note que les appendices gauche et droite la rejoignent et que (3) la barre horizontale est  coupée en deux par le D.
4.  Le D est coupé par le retour bas de la boucle du V.
5. La barre centrale du D se poursuit vers le haut, sans retour gauche.
6. Grande et large virgule.
On trouve évidemment des contrefaçons de cette émission non dentelée avec surcharge :
- Un premier type de faux : .

 Voyons dans le détail cette surcharge :
1. Appendice trop court
2. Boucle fermée sur elle-même
3. Trait trop épais
4. Barre centrale déséquilibrée
5, 6 et 7 : traits trop fins ou trop épais

- un deuxième type de faux grossier :
Cette contrefaçon est facilement identifiable, trop ramassée sur elle-même, avec une encre différente et de très nombreuses différences par rapport à l'original.


- un troisième type de faux trouvé sur le net :

Ce faux, que je ne possède pas, comporte notamment une prolongation de la barre principale du D qui part vers la gauche, comme pour les valeurs en kopecks.
Après les timbres non dentelés, je vous propose maintenant d'étudier le timbre le plus cher de la série (le catalogue Yvert le valorise à 1000 euros, produit à seulement 150 exemplaires, le 1 rouble dentelé.

Voici le timbre original MLH :
Ce timbre, expertisé à de nombreuses reprises, possède des caractéristiques de surcharge proches du 1 rouble non dentelé.
Les contrefaçons sont, quant à elles, nombreuses et souvent difficiles à identifier. La conséquence de cette difficulté à identifier la surcharge fait que nombreux sont les timbres qui comportent une signature, plus ou moins douteuse...
- un premier type de faux : 
Cette contrefaçon, remarquable et comportant une imitation de la signature du  Dr. Jemtschoujin, ne diffère globalement de l'original que par l'emploi d'une encre trop fluide.
- un deuxième type de faux, proche du précédent et récupéré sur le net, avec une encre plus fluide encore :
- un troisième type, avec oblitération impossible à identifier :
On note ici principalement la fermeture de la boucle gauche, et une fusion entre le D et le V.
- un quatrième type, récupéré sur le net :
Cette contrefaçon, outre la boucle du D fermée, possède une surcharge qui monte dans le timbre.
- un cinquième type de faux

1. Orientation déficiente de la boucle interne du D
2. Les différents traits fusionnent et forment des "boules" aux intersections
3. Fusion du D et du V et plus généralement l'épaisseur des traits ne correspond pas aux standards de la surcharge.

- un type de faux, numérique, récupéré sur le net :
 La surcharge serait particulièrement bien imitée si elle ne possédait pas un point en bas à gauche, et de série comme le montre l'ensemble du lot!
Il convient donc d'être très vigilant pour ce timbre recherché, car malheureusement, nombreux sont ceux qui se font avoir, comme le montre ce résultat d'enchère... et pour un faux grossier en plus!

A suivre, les timbres en kopecks surchargés d'une nouvelle valeur.

dimanche 10 septembre 2017

une collection de timbres russes : pourquoi? Pour faire quoi? et quoi faire?

En cette saison de début d'automne, de chute des feuilles mortes, fleurissent les catalogues de timbres des maisons de vente sur offre, avec de nombreuses et extraordinaires propositions de timbres de Russie (ou URSS). Mais qui est en réalité intéressé par ce qui est proposé?

Depuis quelques années maintenant que je m'intéresse à la philatélie russe, j'ai beaucoup appris de mes expériences, de l'évolution de mes centres d'intérêt mais aussi du comportement des autres et de leurs centres d'intérêt dans les timbres russes.

Qui aujourd'hui collectionne encore, et, nous concernant, qui collectionne encore des timbres russes? Dans notre société de l'instantané et du zapping, il est difficile de valoriser dans le temps la patience, la persévérance et la durée. Force est de constater qu'une majorité des collectionneurs est âgée, et qu'il est difficile de faire venir au timbre une jeunesse qui n'envoie et ne lit plus ni lettres ni cartes postales... En dehors de la Russie, tenir une collection spécialisée comme celle des timbres russes est d'autant plus complexe que l'accès à la langue est rude et que la recherche de timbres récents s'avère parfois complexe. Néanmoins, de toutes les philatélies, celle de Russie est sans doute celle qui se porte la mieux, avec une réelle dynamique qui se ressent donc dans les propositions qui sont faites par les marchands reconnus, ainsi que par les enchères que je peux constater sur internet. La diaspora russe liée à l'histoire mouvementée de ce pays, et que reflètent bien les timbres, de même que l'utopie communiste toujours fascinante et vivace amènent de nombreuses personnes parfois novices à s'y intéresser. 

Les timbres russes sont beaux : la période empire est remarquable tant par la qualité du dessin que par la richesse des couleurs. Les timbres soviétiques portent toute la complexité de la société post-révolutionnaire et forment un témoignage à la fois politique et historique. Ces motifs à eux-seuls suffisent également à expliquer l'intérêt que l'on peut trouver dans cette philatélie. 

On peut ainsi trouver un véritable plaisir à se constituer une collection chronologique, à compléter patiemment, année après année, les différentes cases vides que recensent toujours les catalogues. Si c'est là l'objectif du collectionneur, cette démarche ne se discute pas, et elle est partagée par beaucoup. Mais voyons plus loin. Collectionner, c'est voir au loin. On envisage toujours la possibilité de revendre sa collection, mais l'on s'illusionne souvent sur la valeur réelle de ses timbres. Quand je reprends mes catalogues de maisons de vente sur offre, je ne vois aucun timbre "classique", ou presque... On va certes trouver les traditionnels numéros 1, 2 et 3 à la grosse côte, ou encore les Zag 42 et 43, mais c'est à peu près tout... Seuls les timbres remarquables, par leur état et par leur valeur, sont présentés En réalité, à moins que de vendre l'intégralité de sa collection sur ebay, avec les aléas que cela représente (perte de courriers, acheteurs peu fiables, enchères impossibles à prévoir, souvent décevantes, rarement surprenantes, frais importants et surtout la nécessité de disposer de beaucoup de temps!... et je parle en connaissance de cause), une collection n'a guère de valeur. Les timbres postérieurs à 1960 ne valent rien, et antérieurs à 1960 sont souvent bradés pour des sommes ridicules rapporté à la valeur théorique des catalogues. C'est ainsi que, pour en avoir discuté avec le Président du Cercle Philatélique France-Russie, un marchand a proposé pour une succession complète la somme de 400 euros...

Il me semble cependant qu'il y a des alternatives à ce sombre tableau financier et à une routine d'une collection chronologique. Trouver et acheter un numéro 1 de Russie ne relève plus aujourd'hui de l'exploit. Ce timbre est certes bien côté, mais il est courant, pour ne pas dire fréquent. On peut envisager, plutôt que de contempler un timbre certes beau mais unique, une collection de ces numéros 1 avec étude des oblitérations toujours passionnantes et qui nous font entrer réellement dans la philatélie, c'est-à-dire le parcours du timbre et son rapport à la vie des hommes et à l'histoire. Pour illustrer ce propos, je note que la maison Roulet propose une belle collection de ces n°1 pour sa 548ème vente sur offre. Un tel choix de se spécialiser apporte une vraie plus-value personnelle mais aussi financière. Voici quelque exemples recensés dans cette vente sur offre :











La présence de tels timbres dans une collection impressionne et conserve une véritable valeur. Certes! mais, me rétorquera-t-on, ces timbres coûtent cher et ne prennent pas vraiment de valeur au cours du temps. Oui, ils sont rares et sont donc chers, mas que vaut-il mieux? 300 timbres à un euro ou un timbre à 300 euros? C'est une vraie question à laquelle chacun peut répondre de façon personnelle ; mais quoi qu'il en soit, le timbre ne peut être un investissement. Préférez plutôt alors les actions ou l'assurance vie!

Pour ma part, j'ai pris le parti de me spécialiser dans la RSFSR et dans la guerre civile, sujet suffisamment large pour y passer plusieurs vies! Ce choix m'a beaucoup apporté, en connaissances et en rencontres. Il y a là matière à trouver d'incroyables variétés à  des prix très démocratiques ; double impression, variétés de couleur, de papier, de surcharge (déplacée, double, triple), des faux passionnants à étudier... le champ des possibles est vaste! et que dire de la guerre civile, à des prix encore accessibles car méconnue et crainte en raison des contrefaçons! une époque rare où les timbres oblitérés ont bien souvent une valeur philatélique et financière bien plus importante que les neufs...



Bref, collectionner aujourd'hui les timbres russes, je pense que c'est faire des choix, en fonction de ses centres d'intérêt, de ses moyens, du temps dont on dispose. Le mieux est d'en parler, de demander conseil et l'isolement est bien souvent ce qui amène à faire les mauvais choix.