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dimanche 8 avril 2018

Novembre 1922 : Aux affamés, une émission de charité originale de la République Socialiste Fédérative des Soviets de Russie

En 1922, la famine sévit toujours en République Socialiste Fédérative des Soviets de Russie. Le sud du pays est particulièrement touché, notamment dans la région allant de Viatka (Kirov) à la mer Caspienne. 
voir deux autres articles consacrés à cette famine et à leur impact sur la philatélie
Malgré des fortes exportations de céréales au début du XXème siècle, le pays avait déjà connu de nombreuses famines et disettes, souvent à l'échelle locale, principalement en raison de mauvaises récoltes, comme en 1906, 1909 et 1911. La région de la Volga est régulièrement concernée. 
La famine de 1921-1922 concerne aussi la République Socialiste Soviétique d'Ukraine comme le montre ce document suivant basé sur les données de l'Office international Nansen pour les réfugiés :
carte établie par Spiridon Ion Cepleanu

Les timbres sont le reflet de cette période difficile, moyen d'action économique mais aussi politique pour contrer la famine et ses conséquences sociales. Après avoir changé sa politique agraire, le pouvoir bolchévique se doit de montrer qu'il prend en compte ce désastre et qu'il agit. Le Commissariat aux postes et aux télégraphes autorise alors plusieurs émissions de charité, dont fait partie celle qui nous intéresse aujourd'hui, en date de novembre 1922. Cette émission, lithographiée, comporte quatre timbres représentant les différentes moyens de transport. Ils sont tout à la fois les symboles de la mise en action de l'aide pour les victimes de la famine, mais aussi tout simplement les moyens de transport du courrier.
Les quatre timbres, lithographiés et dessinés par R. Zarrinsh, comportent deux indications : RSFSR en haut et Golodayushchim (голодающий) en bas. Fait suffisamment rare pour être signalé, ils ne comportent pas de valeur, mais étaient vendus 25 roubles, 20 servant à l'affranchissement et 5 versés pour les victimes de la famine. On les trouve pour l'essentiel en version affranchie sur des plis de 1923. Les exemplaires que je possède sont imprimés sur du papier grisâtre. Comme toujours (ou presque), les exemplaires de cette émission ont donné lieu à des contrefaçons et nous nous attacherons autant que possible à discerner le vrai du faux.
Les voici :
↪ le navire à vapeur :
Timbre authentique
Ce timbre a eu ses variétés, comme celle qui suit, double impression sur le verso du timbre (abklyatch) :
Il a eu ses contrefaçons :
contrefaçon
Le scan est trompeur, les timbres sont de dimension identique. Ils diffèrent cependant par la couleur et le papier. Quelques détails en gros plan confirment ces différences:
Timbre authentique
contrefaçon
Timbre authentique
contrefaçon


Timbre authentique
 
contrefaçon
Les différences se remarquent immédiatement :
↠ Les lettres RSFSR sont de taille différente et tronquées dans le faux
↠ La couleur est plus uniforme mais les traits plus flous dans la contrefaçon
↠ La proue est plus droite dans le faux, plus courbe dans le timbre authentique

↪ le train :
Timbre authentique
Les timbres étaient imprimés par cent avec quatre feuillets (parties) de vingt-cinq. Voici une de ces parties :
Les variétés portent principalement sur des erreurs de plaque abimée (ou du papier plié avant impression), comme ici en position 18 sur cette partie :



Enfin, ce timbre a eu lui aussi ses contrefaçons :
contrefaçon

Reprenons d'ailleurs quelques points de divergence entre vrai et faux :


 Timbre authentique
contrefaçon


Timbre authentique
 contrefaçon


Timbre authentique
 contrefaçon
Les différences se remarquent immédiatement :
↠ les lignes encadrant le mot Golodayushchim ont quasiment disparu dans la contrefaçon
↠ Les lettres RSFSR sont très dissemblables
↠ l'impression du dessin du train est moins nette


la voiture :
  

Les variétés sont peu fréquentes, mais on en trouve, comme cette double impression :

Et, bien évidemment, ce timbre a été contrefait :

Voyons, par quelques détails, les éléments qui diffèrent :

 Timbre authentique
contrefaçon

Timbre authentique
 contrefaçon

Les différences se remarquent immédiatement :
↠ La couleur est plus uniforme mais les traits plus flous dans la contrefaçon
↠ L'arrière-plan est constitué de traits sur le timbre authentique, mais de points sur le faux

l'avion :
 Timbre authentique
avec sa contrefaçon :
 contrefaçon
 Analysons rapidement quelques points d'achoppement :
(les fortes différences de couleur sont dues au scan)
Timbre authentique
contrefaçon

Timbre authentique
 
contrefaçon

Timbre authentique
 
contrefaçon

Les différences se remarquent immédiatement :
↠ les lignes encadrant le mot Golodayushchim ont quasiment disparu dans la contrefaçon,et les lettres sont différentes, plus grossières
↠ Les lettres RSFSR et les points les séparant sont très dissemblables

↠ La couleur à nouveau est plus uniforme mais les traits plus flous dans la contrefaçon

L'usage postal date principalement de 1923, période de forte inflation. L'exemple suivant est issu du site Loral Stamps et met en évidence une lettre de Chembary :


Le docteur Ceresa a explicité dans son ouvrage monumental les différents emplois postaux de ces timbres originaux.


mardi 6 mars 2018

la guerre civile en Russie : les timbres surchargés de Vladivostok (6ème partie : les timbres surchargés d'une nouvelle valeur de 3 kopecks et de 4 kopecks )

Nous voici dans la suite, et sans doute pas la fin de ma recherche et de mon analyse des timbres de Vladivostok. 
1920 : cette date marque la création d'un état tampon, la République d'Extrême-Orient Russe, entre le jeune état bolchévique et le Japon, qui occupe depuis quelques mois une partie non négligeable de la Sibérie.
Comme je l'ai déjà dit par ailleurs, la surcharge  DVR Дальневосточная Республика (Dalnevostochnaya Respublika),surcharge  lithographiée, est apposée  sur les timbres de l'empire, souvent en grand nombre, en fonction des stocks disponibles. 
Assez vite cependant, certains timbres finissent par manquer, en fonction des tarifs postaux de l'époque. Le courrier intérieur, affranchi à 7 kopecks, et les lettres vers l'étranger, affranchies à 10 kopecks, consomment rapidement les stocks de timbres surchargés. S'il n'y avait eu que 600 timbres de 10 kopecks surchargés DVR, plus de 100000 timbres de 3.5 roubles dentelés et non dentelés sont surchargés d'une nouvelle valeur de 10k, de même que 400000 timbres de 15 kopecks dentelés et non dentelés surchargés d'une nouvelle valeur de 7k, entre autres. Cette nécessité de surcharger dans la précipitation aura pour conséquence un nombre d'erreurs d'impression plus importante que pour l'émission initiale, faisant la joie des philatélistes.

Procédons donc à l'analyse de ces timbres et essayons, comme toujours, de démêler le vrai du faux. Il est à noter que la surcharge DVR diffère des précédentes dans la mesure où les petites imperfections qui les caractérisaient et permettaient de reconnaître les originaux des contrefaçons ont été gommées, comme la protubérance sur le V.

 le 35k brun et vert surchargé DVR avec nouvelle valeur de 3k 
 ➨ le timbre original MNH
 

  ➨ le timbre oblitéré Vladivostok :
Ces surcharges ont bien évidemment été contrefaites :
➨ un premier faux :
Comparons la surcharge originale et la contrefaçon :

vrai
faux
vrai
faux
 Ce timbre est intéressant car la surcharge DVR est bien imitée. Il est à rapprocher de la contrefaçon que nous avons mise en évidence dans l'analyse précédente sur les faux du 35k. La nouvelle valeur comporte ainsi des différences notables avec l'émission originale.
1. Outre l'encre, moins fluide, plus claire, on peut noter que le premier K a des traits moins épais, et possède une boucle plutôt qu'un rond en haut à droite.
2. On note que le bas du K à droite remonte de façon insuffisante et qu'il est mal fait. Par ailleurs, le socle gauche du K ne forme pas un angle droite avec la barre centrale.
3. La barre centrale du 3 est plus courte.
4. 5. 6. Les traits du deuxième K confirment l'affaiblissement général au regard de la surcharge originale.


➨ un deuxième faux :
Procédons de même en comparant surcharge originale et contrefaçon.
vrai
faux
vrai
faux
L'éventail des différences est suffisamment important pour être remarqué, pour peu que l'on prenne la peine de s'y intéresser :
1. Entre autres, le tiret du D est trop court, voire inexistant. L'accroche entre le D et le V est d'ailleurs très confuse.
2. La boucle basse de retour du R est également trop courte, ne revenant pas vers l'extérieur.
3. On note le contraste important entre l'épaisseur du K original et celui du K contrefait. Le rond haut du K devient presque indistinct sur le faux.
4. Le 3 est également différent par son format et par l'épaisseur de son trait. On note son décalage vers le haut par rapport à la ligne horizontale faite par les deux K.
5. Les deux appendices droits du K semblent partir vers la droite.

➨ un troisième faux :
Faux très proche du précédent, avec quelques variantes. Je vous laisse analyser cela avec le détail que voici :
faux
faux

 le 70k brun et orange surchargé DVR avec nouvelle valeur de 4k 
 ➨ le timbre original MNH

➨ un faux de la même catégorie que le faux n°2 de la série précédente. Je mets  en parallèle les surcharges authentiques et les faux :
vrai

faux

vrai

faux
1 et 2 : caractéristiques semblables à la contrefaçon n°2 de la série précédente.
3. Le K est de forme différente avec notamment un prolongation en haut à droite plus épatée
4. Le 4 présente un socle et une verticalité plus épais que l'original.
5. Le point est très épais et beaucoup plus gros que sur l'original.

Je m'intéresserai par la suite aux surcharges de 7k.

samedi 27 janvier 2018

La guerre civile en Russie : une surcharge locale de Derbent, Daghestan

Occupé à l'étude des surcharges locales du Sud de la Russie et à la collecte et l'analyse des timbres de Batoum, je profite des billets précédents sur Petrovsk et Bakou pour glisser un petit mot sur une surcharge que j'ai trouvée il y a quelque temps lors d'une vente sur offres, chez Cherrystone si je me souviens bien.
Derbent est une ville située au sud du Daghestan, à mi-chemin entre Petrovsk (Makhatchkala) et Bakou. C'est une ville clef de la région, verrou entre la plaine du nord, Petrovsk et son chemin de fer, la mer Caspienne et les montagnes de sud. Si le Daghestan, en Perse, signifie "le royaume des montagnes", Derbent veut dire, quant à elle, "la clef de la porte" ou "la porte fermée" selon les interprétations. Cette ville magnifique est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, notamment pour sa forteresse.
vue de la citadelle de Derbent

Portes Caspiennes

Musée des Portes

Revenons-en à la philatélie... mais n'est-elle pas aussi l'occasion de nous enrichir de l'histoire, d'aller à la rencontre d'autres peuples et d'autres géographies?
Le Daghestan est donc durant la première guerre mondiale une zone de conflits active, d'autant qu'à cette guerre s'ajoutent les dissensions religieuses voire tribales locales. La guerre civile russe n'arrange rien à l'affaire et comme nous l'avons vu dans le billet précédent, la politique régionale s'accommode d'arrangements qui feraient parfois pâlir le Kremlin.
Derbent est sous occupation des forces rouges à compter de février-mars 1920. Les autorités locales font alors surcharger les timbres tsaristes, dont je rappelle que les stocks étaient importants (dans son article, Kusovkine nous informe qu'ils ont été vendus en grand nombre à des négociants européens en notamment des français). La surcharge "Komitet" est ici violette et désigne sans doute le soviet officieux et le commissariat mis en place.
Le 20 janvier 1921, le Daghestan devient officiellement la République Socialiste Soviétique Autonome du Daghestan. Les timbres soviétiques s'imposeront alors. Il est amusant de noter que l'oblitération de cette bande de trois timbres est bien de Derbent et date du 18 janvier 1920. Une émission rare donc puisque très brève dans le temps.
Derbent a à nouveau été mise à l'honneur par la Russie, avec l'émission de ce timbre :
Cent ans après, cette ville revêt toujours de grands enjeux pour la Russie...


samedi 13 janvier 2018

La guerre civile en Russie : les surcharges fantastiques d'Azerbaïdjan

Alors que je rédigeais l'article précédent sur les surcharges locales de Petrovsk, je me suis souvenu du vieux fantasme qui m'avait animé quand j'étais plus jeune - c'était il y a quelques années - sur une émission de timbres rares, celle qui aurait eu lieu à Bakou lors de la brève occupation de la ville par les anglais. Qui ne rêverait pas de posséder une série que personne ne possède? Mais peut-être n'existe-t-elle tout simplement pas?
En décembre 1917, Grande-Bretagne et France s'étaient partagé leurs zones d'influence ; le sud de la Russie, et particulièrement le Caucase, avait échu aux Britanniques, qui y avaient vu des intérêts géostratégiques et économiques, notamment pétroliers. L'avancée turque liée à l'effondrement du front russe met alors en péril cette prétention.
De mai à septembre 1918, dans une alliance plus que surprenante, Britanniques, Arméniens, Russes bolchéviks et Cosaques anti-bolchéviks font front commun contre les Ottomans qui avancent en Azerbaidjan vers Bakou. Dans cette bataille, les Turcs finissent par l'emporter. En octobre 1918, les turcs, battus sur les autres fronts, doivent cependant se replier et les troupes anglaises occupent la ville jusqu'en août 1919.
Dans un vieux catalogue Yvert&Tellier de 1930, on trouve la présence d'une émission locale, en mai 1917, avec surcharge "occupation azerbaïdjan", qui disparaît ensuite puisque dans mon catalogue de 1973, je n'en trouve plus trace.On peut remarquer dans cette surcharge une curieuse orthographe d'Azerbaïdjan, qu'un très vieil mais intéressant article de Kusovkine extrait du "philatéliste soviétique" explique comme une orthographe latine. La cotation qu'en fait Yvert&Tellier est importante pour l'époque, et Kusovkine remarque immédiatement que les faux ont immédiatement fleuri notamment en provenance de Constantinople, lieu bien connu à l'époque pour ses faussaires... Cela me fait penser qu'il faudra qu'on parle un jour des surcharges de l'armée Wrangel...

J'ai retrouvé dans mes archives huit de ces dix-sept timbres référencés. Suis-je donc en possession d'un trésor? Hélas non. Comme le fait remarquer Kusovkine, jamais Bakou n'a connu de pareille émission -comment d'ailleurs pourrait-il en être autrement? Les Britanniques n'avaient-ils donc rien d'autre à faire alors que les Ottomans avançaient vers la ville?

Il est amusant de noter que ces timbres possèdent tous différentes marques au dos, marques de propriétaires qui ont voulu par ces signes de possession s'approprier un peu de papier et beaucoup de rêve
Voici plus en détail deux de ces timbres surchargés :

S'agit-il de faux originaux et d'imitations de faux? Le débat fait sourire. Si l'on regarde la piètre qualité de la surcharge, la réponse s'impose d'elle-même. Mais quelle importance?
Ces timbres, même retirés des catalogues de cotation, font toujours rêver le collectionneur, comme en témoignent les lots vendus sur le net. Alors à quel prix acheter un peu de rêve? je vous laisse seuls juges...
La guerre civile en Russie a ainsi connu de nombreuses émissions de timbres surchargés, que l'on peut qualifier de "fantastiques" ou de "fantaisistes" qui ont répondu à une forte demande des collectionneurs. Le manque de contrôle des autorités - leur absence même parfois, l'abondance des stocks de l'empire et des marchands peu scrupuleux, tel fut le cocktail qui aboutit à ce type de surcharge dont les victimes furent avant tout les philatélistes. Aujourd'hui, on peut néanmoins considérer qu'elles font partie de l'histoire de la philatélie.

mardi 2 janvier 2018

La guerre civile en Russie : les surcharges locales de Petrovsk





Fondée en 1844, la ville est tout d'abord nommée Petrovskoïe, puis  Petrovsk en hommage à Pierre le Grand. Située dans l'actuel Daghestan, elle prend de nom de Makhatchkala en 1921 et devient la capitale de la République Socialiste Soviétique du Daghestan. Elle est le symbole des ambitions et de l'avancée russe dans le Caucase, comme le montre la carte ci-dessous.

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Elle constitue une des villes clés dans cette zone instable, à majorité musulmane (à l'exception notable des arméniens) sous gouvernance russe récente. Dès novembre 1914, la région se transforme en zone de guerre avec l'offensive russe contre les turcs. Un général russe s'illustre, qui marquera ensuite la guerre civile : Ioudenitch. Au cours du conflit, les différents peuples (arméniens, géorgiens, azéris, ...) se retrouvent partie prenante et sont impliqués d'une part ou d'autre, acteurs ou victimes. Durant l'année 1917, après la Révolution russe, l'armée se disloque ; fin 1917, elle n'existe plus. Elle est remplacée sur le front par des troupes arméniennes et géorgiennes qui subissent les attaques turques destinées à reprendre le contrôle des territoires perdus en 1914-1915 mais aussi lors de la guerre russo-turque de 1877-1878. Cette alliance entre arméniens, azéris et géorgiens forme l'éphémère Transcaucasie. En mai 1918, elle disparaît elle aussi, en raison de la déclaration d'indépendance de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan et de la Géorgie sous l'influence notable de l'Allemagne qui tente de faire de cette zone sa sphère d'influence, au détriment des anglais bien implantés de Batoum à Bakou. Les intérêts économiques et surtout pétroliers déterminent déjà les politiques extérieures des puissances occidentales.
Le 11 mai 1918, le Caucase du Nord se déclare ainsi indépendant et s'allie dès juin 18 avec les turcs. Cette république montagnarde est combattue d'emblée par les forces blanches du général Denikine qui emporte au Daghestan les villes comme Petrovsk ou Derbent, mais peine dans les montagnes où la résistance est forte. En février 1920, les troupes bolchéviques de la 5ème armée forcent Denikine à quitter la région.Staline, géorgien d'origine, négocie avec les nationalismes locaux : le Daghestan devient une république socialiste soviétique et une large autonomie est accordée à la nouvelle république soviétique des montagnes comprenant les autres régions (Ossétie, Ingouchie, Tchétchénie, ...).
La circulation du courrier et son affranchissement ont pâti de cette période mouvementée, d'autant que la région n'est pas épargnée par l'inflation galopante qui ronge la République Socialiste Fédérative des Soviets de Russie (RSFSR). 
Le 10 mars 1920, les timbres des séries courantes de 1909 à 1917 de 1 à 20 kopecks prennent une valeur en roubles.(valeur *100). La pénurie de timbres contraint donc la poste soviétique à l'emploi des stocks de timbres empire existants ; la gratuité du courrier avait cessé d'être et toute lettre d'un poids supérieur à 15 grammes coûtait 5 roubles plus 5 roubles pour un recommandé. Les postes locales avaient donc reçu pour consigne de réévaluer cent fois leur stock existant dans la limite des 20kopecks - 20 roubles. La poste de Petrovsk, disposant d'un stock conséquent de 35k, ne respecta pas les consignes du Commissariat aux Postes et au Télégraphe, les réévalua ainsi  que les 20k en leur apposant une surcharge en roubles en violet ou en noir. (Il faut noter que Ceresa qui est une des références en la matière, évoque dans son monumental ouvrage, partie C2 P381 la possibilité que ces timbres surchargés soient en fait des timbres trophées pris à Denikine)
Les timbres surchargés sont les suivants : 
- le 20k avec surcharge violette (expertise Ceresa)
Ce bel exemplaire oblitéré du 18 janvier 1921 est caractéristique de l'usage postal de ces surcharges ; les mandats postaux en sont un autre
Yvert et Tellier font également référence à une surcharge noire, que je ne possède pas.

- le 35k avec surcharge violette, expertise Dr. Paul Jemtschoujin

- le 35k avec surcharge noire, expertise Waldemar Pohl

Il est à noter, selon Ceresa, que ces timbres neufs ont été mis en circulation sur le marché philatélique par la Soviet Philatelic Association. Nous y reviendrons, notamment lorsqu'il s'agira de parler de l'armée Koltchak. Des contrefaçons existent sans nul doute.


L'inflation continue à être galopante et ,après la suppression de la gratuité pour les envois de moins de 15g, après une réévaluation mettant en service en roubles les timbres empire supérieurs à 20 kopecks,  le 15 avril 1922, les timbres en kopecks et en roubles sont réévalués 10000 roubles pour 1 rouble. Petrovsk produit alors une surcharge locale en violet avec cors de poste 50/T soit 50000 roubles pour un timbre empire de 5 roubles. Ce timbre, rare (il est coté 1300 euros par Y&T) a été bien sûr copié.
Voici l'original en rare bloc de 4 : 

L'exemplaire ci-dessous s'est vendu ce 30 décembre 2018 sur ebay 307 dollars. Quelqu'un le voulait plus que moi!
1922-Russia-PETROVSK-CV-350-handstamped-in-black-RARE-used

Le catalogue Petrov recense possiblement une surcharge inversée, inconnue chez Yvert :

 Le timbre contrefait de ma collection :
La comparaison entre les deux surcharges appelle ce commentaire : de la qualité de l'encre, de sa couleur même, de la forme des chiffres, des lettres ou de l'espacement du T, tout diffère. Reste à être attentif!



lundi 25 décembre 2017

Joyeux Noël et meilleurs voeux 2018

Je vous souhaite un joyeux Noël et vous présente mes voeux philatéliques les meilleurs pour 2018.
Cette enveloppe Premier Jour accompagne le fameux livret souvenir de la Nouvelle année russe 2015-2016 qui s'est vendu 900 dollars lors de la vente de mai 2017 chez Raritan.



samedi 23 décembre 2017

Filateliya Detiam : de l'inventivité des faussaires à la passivité des plateformes de vente en ligne

Cette courte réflexion viendra compléter la modeste étude que j'ai déjà faite sur cette émission, si prisée et donc si copiée. Le faux numérique est parfois redoutable, et ne peut être discerné qu'à l'analyse microscopique. Néanmoins certains détails ne peuvent tromper un oeil avisé. Delcampe regorge ainsi de contrefaçons, et je trouve toujours regrettable que des plateformes de vente prétendument sérieuses laissent faire.
J'ai récemment vu des choses surprenantes sur Delcampe :
 https://www.delcampe.net/fr/collections/timbres/russie-urss-1917-1923-republique-republique-sovietique/neufs/philately-for-children-1922-cart-rrr-495472202.html
Analysons dans le détail cette extraordinaire opportunité philatélique :

Il s'agit ici d'une imitation d'une enveloppe du premier jour, avec affranchissement en 1k, 2k et 10k et oblitération du premier jour. Rarissime!...
Cette enveloppe devrait donc comporter des timbres de la première émission.Or ces timbres ont des caractéristiques que les faussaires semblent ignorer. D'une part, l'encre utilisée ce jour-là était gris-clair, d'autre part, la plaque d'impression employée faisait que toutes les surcharges étaient différentes. Nous avons dans cette contrefaçon une encre noire et des surcharges toutes identiques, ce qui est rigoureusement impossible.




 vrai


 faux
L'oblitération elle-même est bien évidemment fausse, avec des caractéristiques aisément discernables pour peu qu'on aie l'oblitération originale sous les yeux. Notez par exemple la forme des chiffres. L'encre de l'oblitération elle-même n'est pas conforme, trop épaisse et trop grise.
Quant à  l'enveloppe premier jour, je ne me prononce pas, mais il est fort à parier qu'une analyse fine montrerait un faux numérique...
J'ai bien sûr avisé le site de la présence de ce faux parmi d'autres. J'ai prouvé mes dires, mais je n'ai bien évidemment pas reçu de réponse à mon signalement, et les timbres n'ont pas été retirés de la vente... Chacun semble y trouver son compte, sauf le philatéliste qui se retrouve berné. C'est une vision à court terme de la part de Delcampe, puisque les amateurs floués ne reviendront plus sur le site, et se détourneront même de la philatélie.